jeudi 29 janvier 2015

"Vernissages" ...

En ce début d'année, voici deux salons où l'on peut voir certaines de mes sculptures :
L'Hivernal de Lyon, et le Salon des peintres de Brignais.

J'ai envie à cette occasion de partager un extrait de "la Sagesse de Potier" de Jean Girel. Si comme moi vous ne saviez pas l'origine du "vernissage", vous y penserez si vous avez l'occasion  d'y venir une fois ou l'autre !



"Les pots ne sont pas faits pour passer leur vie dans l'atelier. Il leur faut bien un jour affronter la réalité. (...) Pour qu'une oeuvre mérite de vivre, elle doit avoit traversé avec succès toutes les épreuves que son créateur a imaginées, mais cela ne suffit pas, elle doit naître aussi avec quelque chose en plus, que son auteur n'attendait pas.Le premier critère est déjà difficile à respecter, et le potier est souvent pris en défaut de maîtrise : la couverte a coulé, ou pelé, la pièce est fêlée ou tordue par le feu. Quand le deuxième critère n'est pas rempli, le cas est encore plus grave, la pièce dénuée de vie propre doit disparaître au plus vite.


La pièce tiède sortie de la matrice du four après le temps de gestation de la cuisson évoque l'enfantement. Mais la créature ainsi engendrée a besoin d'être sacralisée par sa rencontre avec le regard, la main d'un autre.

C'est dans l'exposition, au moment où le pot risque d'être acquis, c'est-à-dire reconnu, baptisé par l'autre, que le potier va pouvoir vraiment mesurer l'effet de son travail, de sa maîtrise, et surtout constater la réalisation de son rêve et la validité de son jugement.

Le vernissage d'une exposition est un rite, son sens premier est fort : les peintres classiques travaillaient leurs tableaux par étapes, en respectant l'ordre des couches, en passant lentement des enduits aux fonds, des empâtements aux glacis, puis laissaient sécher à coeur la matière picturale. En somme, ils travaillaient comme les potiers. Quand ils sentaient leur cration aboutie, ils conviaient amis et amateurs à assister à la pose du vernis final, ce "vernissage" qui parachève l'oeuvre et assure sa perennité, tout en interdisant désormais toute retouche. Le peintre pouvait se reculer, regard parmi d'autres regards, pour contempler son oeuvre, en étranger."


Photo D. Pollet